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Du 11 octobre 2025 au 19 janvier 2026, Meeting Phillip d'Éric Vernhes est exposée dans le cadre de la biennale NEMO.
L’oeuvre Meeting Philipp d’Éric Vernhes (une co-production VIDEOFORMES) sera exposée au Centquatre dans le cadre de la biennale Nemo.
“Meeting Philip” est une oeuvre musicale, vidéographique et plastique construite autour de l’enregistrement de la conférence donné par Philip K. Dick en 1977 à Metz.
Lors de cette intervention, Philip K.Dick révéla que l’un de ses thèmes favoris, l’existence d’une pluralité d’univers parallèles, était bien une réalité et non une fiction. Pour lui, il ne faisait aucun doute que notre monde était issu d’un programme informatique dont le concepteur (Dieu, programmeur-reprogrammeur), changeait épisodiquement des variables dans le passé, ce qui perturbait le déroulement de notre temps présent et donnait naissance à d’autres univers uchroniques et divergents. Les impressions de « déjà-vu » résulteraient directement de cette « reprogrammation ». Il entreprit ensuite de faire le récit de ses propres « glissements « d’un univers à l’autre, affirmant que dans l’un de ces mondes, il avait été assassiné par l’administration de Richard Nixon. Dans un autre encore, il avait rencontré Aphrodite dans un paysage pré-chrétien dont la description ressemblait à une illustration de comic-book.
Le public ne le suivit pas dans cette voie hallucinante et les commentateurs, par respect pour la figure de l’écrivain, jetèrent un voile d’oubli pudique sur cette conférence.
Dans « Meeting Philip », installation artistique visuelle et sonore, je ne réponds pas à la question de la crédibilité du récit de K. Dick. Je considère plutôt que cette question est sans objet. Confronté aux nombreuses facettes de la personnalité de Dick, à ses errements et ses fulgurances, je prends le parti de l’écrivain face au prophète auto-proclamé. Le second (qui n’a jamais convaincu personne) n’est finalement que l’outil du premier (qui est reconnu comme génial).
Je donne donc de l’ampleur à celui qui veut captiver et délaisse celui qui veut convaincre.
Par le travail de montage et de sélection, le texte est transformé en un livret d’opéra. Il est donc débarrassé des contraintes de la cohérence pseudo-scientifique pour être mis au service d’une machine narrative éblouissante.
Les éléments clefs de sa narration sont utilisés sans les dénaturer : Affirmation de la pluralité des univers parallèles et récit de ses propres expériences de « passage « d’un monde à l’autre. Par contre, les arguments démonstratifs qui font naître l’incrédulité et le doute sont laissés de côté ou juste esquissées.
Par la musique, la lumière, l’image et le vent, l’installation « Meeting Philip » donne au texte de K. Dick la dimension épique qu’il méritait en lui adjoignant le souffle « Hugolien » – souffle de l’inspiration – là où il manquait.
Les objets, chez Philip K. Dick, occupent une place prépondérante. Non seulement ils témoignent de l’existence d’une pluralité de mondes parallèles, mais ils servent aussi d’outils de transition entre ces différents univers. Le magnétophone à bande qui est au centre de l’installation “meeting Philip” est un de ces objets “spéciaux”. Contemporain de Philip k.Dick, il fait référence à la matière première de la musique: un enregistrement de conférence réalisé sur un appareil semblable. Mais plus encore, il sert de canal à la voix du romancier qui nous parle depuis un univers temporel parallèle ( les premiers mots sont “je ne suis plus là-bas, je ne suis pas sûr de n’y avoir jamais été…). Par procuration, il personnifie le conférencier dans notre temps présent.
La forme totémique renvoit autant aux prétentions du conférencier (“Maintenant il faut que je parle comme un prophète…”) qu’à la stature acquide par l’écrivain dans les années qui suivirent la conférence: celle d’un inspirateur essentiel de la science-fiction moderne.
L'artiste :
Eric Vernhes crée des installations et des dispositifs dotés d’un mouvement intrinsèque qui épouse celui de la conscience du spectateur.
Avant tout autre chose, et en l’absence de démonstration de l’existence de l’âme, le spectateur est un corps, à un moment précis, dans un lieu donné, plongé dans la contemplation de son propre imaginaire qu’il projette dans l’œuvre. Une parenthèse s’ouvre alors dans le mouvement incessant qui le propulse vers sa finitude. Il y a là une expérience intrinsèquement, spécifiquement humaine : L’expérience artistique.

Crédits :
Musique / installation / vidéo / programmation – ERIC VERNHES 2024
Co-production Eric Vernhes / Vidéoformes
Extraits sonores de Philip K. Dick, conférence de Metz; © CNRS, 1977